Sa Majesté Impériale , l'Empereur Qadamawi Haile Selassie. Congrès évangélique de Berlin, le 28 Octobre 1966.
Jésus le Christ a dit : " Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom, alors je suis parmi eux ", c'est pourquoi nous exprimons le vœu que ces paroles s'accomplissent dans la plénitude de leur sens au sein de cette grande assemblée.
Nous sommes heureux d'être présent dans cette fameuse ville de Berlin où les dirigeants chrétiens sont assemblés pour étudier les manières et les moyens de diffuser notre foi chrétienne dans le monde. Nous remercions Mr Billy Graham de nous avoir invité à cette rencontre. La propagation de la foi chrétienne parmi les nations est devenue une tâche de la plus haute importance, comme le montre cette grande assemblée de dirigeants chrétiens.
Comme vous le savez tous, des siècles ont passé depuis que notre pays, l'Ethiopie, a accepté l'Evangile du Christ. Nous apprenons des écritures saintes que le premier éthiopien qui proclama Jésus Christ fut baptisé seulement quelques mois après la mort et la résurrection de notre Seigneur. Depuis ce temps la chrétienté s'est progressivement diffusée auprès du peuple éthiopien et est devenue leur religion au quatrième siècle. C'est une véritable fierté pour nous, une cause spéciale de gratitude envers le Tout Puissant Dieu lorsque nous nous souvenons que la foi chrétienne fut introduite à notre peuple par la cour impériale et grâce au monarque qui régnait alors.
L'histoire de l'Ethiopie atteste que nos ancêtres, suivant les premiers Empereurs chrétiens, étaient des hommes et des femmes qui avaient un grand zèle et de l'ardeur pour la foi du Christ, et qui faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour la propager dans le peuple. Beaucoup parmi eux ont été canonisés, comme l'Empereur Caleb qui vécut au cinquième siècle, et l'Empereur Lalibela et ses successeurs immédiats qui vécurent au douzième siècle.
Quand les contrées du Proche Orient, du nord-est de l'Afrique et de l'Asie mineure, où l'Evangile était prêché par les apôtres, furent submergées et succombèrent sous un pouvoir opposé à la foi chrétienne, les souverains et le peuple d'Ethiopie, fermes dans leur amour profond pour la foi du Christ et de leur terre natale, menèrent de grands combats pour préserver l'Ethiopie comme un îlot de chrétienté. Grande est notre gratitude envers notre Dieu pour cette grâce. Nombreux sont nos ancêtres qui à travers les siècles ont consacré et sacrifié leurs vies sur le champ de bataille afin que l'Ethiopie demeure forte dans sa foi chrétienne.
Quand, après tous ces valeureux prédécesseurs, nous avons commencé à assumer la conduite de notre peuple il y a un demi-siècle, nous devînmes clairement conscients de la magnitude de la confiance sacrée et de la responsabilité qu'on nous octroya pour travailler à la gloire de Dieu et au bien-être continu et durable de notre peuple. Ces cinquante dernières années, non seulement nous avons travaillé pour que notre peuple mène une vie meilleure sur cette terre mais nous dépensâmes aussi notre énergie et nos finances pour développer leur héritage spirituel, dont la valeur n'est estimable par aucun esprit humain.
Nous avons travaillé pour que les écritures saintes et les livres qui nous ont été transmis par les pères de l'Eglise soient multipliés au moyen des techniques modernes d'impression et distribués à tous, non seulement dans notre langue moderne, mais aussi en geez, notre langue ancienne. Notre église Orthodoxe éthiopienne, qui fut coupée pendant des siècles de ses églises chrétiennes sœurs, a rejoint le conseil mondial des églises et coopère dans la mission qui consiste à renforcer la foi et amener l'unité de l'Eglise. Nous avons aidé et nous continuerons à aider les missionnaires qui sont envoyés d'autres pays pour prêcher l'Evangile à ceux de notre peuple qui ne sont pas arrivés à la connaissance de la grâce salvatrice de Dieu. Puisque l'unité de l'Eglise est une affaire très importante pour nous, et, si Dieu veut, espérant que cet objectif sacré soit atteint en notre temps, nous avons été heureux d'avoir convoqué, il y a deux ans, une rencontre des représentants des églises Orthodoxes orientales dans notre capitale d'Addis-Abeba pour délibérer des manières et des moyens d'amener l'harmonie et l'unité dans l'Eglise.
Nous faisons références à tout cela pour indiquer que ce temps, plus que tous les autres, est une période dans l'histoire où prêcher l'Evangile de la grâce à notre prochain devrait être notre devoir suprême. L'amour démontré par Christ notre Dieu au genre humain devrait obliger chacun de nous qui sommes les adeptes et les disciples de Christ de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour voir que le message du Salut soit porté à ceux de nos prochains pour qui Christ notre Sauveur fut sacrifié mais qui n'ont pas eu la chance d'entendre la bonne nouvelle.
Puisque personne ne peut interférer dans le royaume de Dieu, nous devrions tolérer et vivre côte à côte avec ceux qui sont d'autres fois. Pourtant, si la menace se présente nous ne manquerons pas de résister avec courage à toute incursion. Nous souhaitons rappeler ici l'esprit de tolérance démontré par notre Seigneur Jésus Christ quand il offrit le pardon à tous, dont ceux qui le crucifièrent.
En ces temps modernes il y a une multitude de choses imprimées dans la presse et diffusées par la radio qui captivent la pensée et l'esprit humain : Beaucoup de nouvelles idées sont disséminées par les érudits. Beaucoup d'appareils merveilleux sont produits pour rendre la vie de plus en plus confortable. Les riches puissances sont passées de l'exploration à l'exploitation de la terre et rivalisent les unes avec les autres pour explorer et conquérir la lune et les planètes. La connaissance augmente d'une manière déroutante.
Tout cela est bon, merveilleux et digne d'éloges. Mais quelle sera la fin de tout cela ?
Nous sommes fermement certains que seule la volonté du Seigneur sera accomplie.
Nous devrions faire attention que les résultats ainsi obtenus par le genre humain ne connaissent pas le sort de la tour de Babel, l'œuvre de ces peuples anciens qui tomba en miettes entre leurs mains. L'apôtre Paul dit : " La sagesse de ce monde est bêtise devant Dieu " et " Le Seigneur connaît les pensées du sage et elles sont vaines. "
La raison pour cela est que, généralement, l'homme fait de lui et de sa sagesse le début et la fin de ses objectifs dans la vie et nous sommes convaincus que leur fin est la destruction et la mort.
Notre Seigneur Jésus Christ dit : " Quel profit a un homme s'il a gagné le monde et perdu son âme ? " Pourquoi les efforts de ceux qui ont essayé de construire la tour de Babel furent réduits à néant ? N'étais-ce pas parce qu'ils avaient essayé de vivre à l'écart de leur Créateur, et parce que, se vantant de leur sagesse, ils essayèrent de bâtir une tour dont le sommet devait rejoindre le ciel et ainsi se faire un nom ? Il est de notre conviction que toutes les activités des enfants des hommes qui ne sont pas guidés par l'Esprit et le conseil de Dieu ne porteront pas de fruits durables. Ils ne seront pas acceptables aux yeux du Seigneur et seront donc réduits à néant comme la tour de Babel fut réduite à néant.
C'est pour cette raison que l'Eglise de Christ et les dirigeants chrétiens en particulier ont une responsabilité si grande. Aussi sage ou aussi puissante qu'une personne puisse être, elle est comme un bateau sans gouvernail si elle est sans Dieu. Un bateau sans gouvernail est à la merci des vagues et du vent, dérive où qu'ils l'emmènent et si alors s'élève une tempête il est écrasé contre les rochers et devient comme s'il n'avait jamais existé. Il est de notre conviction qu'une âme sans Christ est vouée à ne pas connaître un meilleur destin.
C'est pourquoi O ! Chrétiens, élevons-nous et avec le zèle spirituel et la sincérité qui caractérisa les apôtres et premiers chrétiens, travaillons pour amener nos frères et sœurs à notre Sauveur Jésus, qui seul peut donner la vie dans sa plénitude.
Sa Majesté Impériale , l'Empereur Qadamawi Haile Selassie. Congrès évangélique de Berlin, le 28 Octobre 1966.
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